Editeur : La Salida n°33, Avril-Mail 2003
Auteur : Fabrice Hatem
Tango : innovation et tradition
La culture tango évolue. Et vite. Par son public et l’atmosphère de ses milongas. Par ses artistes et son esthétique musicale. S’agit-il d’une dangereuse dénaturation de son essence ou d’un processus de rénovation naturel et salutaire ?
Cette éternelle opposition entre Anciens et Modernes est particulièrement visible aujourd’hui dans nos milongas, où traditionalistes en costume et novateurs en baskets se croisent sans toujours beaucoup se parler ni s’apprécier. Est-il important de respecter dans ces lieux les codes vestimentaires ou de comportement, légués par la tradition ? Le tango peut-il et doit-il être rénové par l’intégration de formes musicales et chorégraphiques nouvelles ? Faut-il au contraire chercher à préserver sa spécificité des contaminations extérieures ? Nous avons rassemblé dans ce numéro un large éventail d’opinions sur ces questions. On peut ainsi mesurer la diversité des publics et de leurs attentes, mais aussi la richesse et la complémentarité des politiques associatives, dont témoigne l’exemple lyonnais. Si vous souhaitez vous situer dans cet univers, nous avons conçu pour vous un mini-test, intitulé, de manière un peu provocante, « Êtes-vous un jeune sot ou un vieux con ? ».
Ces débats sont encore attisés par la vitalité de la création artistique contemporaine. La musique de tango est en effet aujourd’hui entrée dans une phase d’effervescence novatrice, notamment en France, comme en témoigne l’actualité de ce printemps. L’afflux vers notre pays de musiciens venus du monde entier, leur rencontre avec un public ouvert à la diversité favorisent les métissages et l’invention de formes nouvelles. Gotan Project attire au tango un public très jeune, passionné de musique électronique. Gerardo Jérez-le Cam – qui est aussi poête à ses heures – tente une fusion entre tango et musique tzigane. Alejandro Schwarz rénove, avec le quintet Tiempo Sur, la sonorité de l’orchestre tango traditionnel. Les compositions de Gustavo Beytelmann portent le tango à la hauteur d’un art classique majeur. Blas Rivera s’inspire du tango, du jazz et de la musique contemporaine pour créer un monde sonore magnifique et fascinant. Susana Rinaldi explore les richesses du nouveau répertoire poétique. Nous les avons interrogés sur leurs voies de recherches actuelles. Une bonne surprise – mais en est-ce vraiment une ? Aucun manichéisme dans leurs propos, mais la volonté partagée d’ancrer leurs recherches novatrices dans une filiation tanguera pour laquelle ils expriment tous le plus grand respect. Cela nous laisse espérer pour siècle nouveau un tango qui saura évoluer tout en restant lui-même.
Fabrice Hatem
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