Editeur : Journal Officiel, 23 juillet 1987
Auteurs : Paul Delouvrier, Fabrice Hatem
Les industries de biens d’équipement en France
Le conseil économique et social s’est saisi le 22 janvier 1985 d’une étude sur les industries de biens d’équipement. La préparation de l’étude a été confiée à la section des activités productives, de la recherche et de la technologie, qui a désigné Paul Delouvrier comme rapporteur.
En vue de compléter ses informations, le section a entendu :
– Monsieur Jacques Maisonrouge, Directeur général de l’industrie au ministère de l’industrie, des P et T et du tourisme ;
– Monsieur Philippe Zarifian, chef de département au centre d’études et de recherche sur les qualificatinos (Cereq).
Elle a également visité :
– Les installations de la Société Bertin et Cie, à Plaisir ;
– Les ateliers de l’aérospatiale, à Toulouse.
– L’unité de production de Citroên, à Meudon-la-Forêt.
Par ailleurs, le rapporteur a rencontré de nombreuses personnalités et pris contact avec certains organismes spécialisés, en particulier les principales fédérations professionnelles concernées, qui lui ont permis d’obtenir des informations fort utiles.
La section et son rapporteur remercient vivement tous ceux qui ont accepté de contribuer à compléter ce dossier, et notamment l’expert qui a assisté le rapporteur.
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L’industrie française de biens d’équipement est actuellement confrontée à des ruptures qui modifient profondément la physionomie de ses marchés comme de ses techniques. Citons par exemple : l’internationalisation de la concurrence, avec la perspective de l’instauration du marché européen unique en 1992 ; le déclin du poids relatif des grands marchés publics, en France comme à l’exportation tandis que la part de l’investissement d’origine privée augmente ; l’évolution de nature des produits demandés, puisque la notion de matériel fait progressivement place à celle de « système de production ».
Or, la capacité des industries de biens d’équipement à affronter victorieusement les défis de la fin du siècle constitue un enjeu majeur pour le reste de l’économie française.
En effet, la place d’un pays dans la hiérarchie économique mondiale dépend largement, aujourd’hui, du contrôle qu’il parvient à exercer sur l’ensemble des activités allant de la découverte scientifique à sa matérialisation, sous forme de machines et de systèmes, dans le tissu productif : recherche théorique et appliquée, ingéniérie et conseil. Mais l’existence d’une industrie nationale de biens d’équipements professionnels s’avérant capable de concevoir des produits techniquement performants, bien adaptés aux besoins de sa clientèle, et de les produire dans des conditions de coût et de rapidité satisfaisantes , est également déterminante.
L’enjeu en ce domaine dépasse la simple comptabilité des matériels importés ou exportés. Au travers des équipements installés, ce sont des normes d’organisation et des réseaux technologiques qui se mettent en place. Une défaillance de notre industrie de biens d’équipements pourrait donc avoir des conséquences importantes sur le coût de la modernisation de l’appareil productif, en termes d’importations, mais aussi de dépendance technologique.
D’où l’intérêt de faire un « état des lieux » pour les industries d’équipement, au moment où, après 10 années de somnolence, l’investissement productif semble présenter quelques signes de frémissement.
Un rappel historique permettra tout d’abord de mettre en lumière les principales caractéristiques de l’évolution enregistrée depuis le début de la crise : expansion plus rapide que le reste de l’industrie française, mais position intermédiaire dans la hiérarchie économique mondiale et approfondissement du dualisme entre secteurs « modernes » et « traditionnels » (cf. chapitre 2).
Dans un deuxième temps, on cherchera à évaluer, à partir de quelques indicateurs partiels, la capacité de notre industrie d’équipements à affronter les prochaines mutations techniques et commerciales (cf. chapitre 3).
Dans un troisième temps, on présentera conclusions et propositions (cf. chapitre 4) avant d’exposer la conclusion générale.
Mais il importe de préciser, dès l’abord, le champ statistique de l’étude ainsi que la méthodologie utilisée (cf. chapitre 1)